Auberge du Treh
Mars 2022 : Au Treh, expulsés pour conflit d’opinion !
Juste, vous ne partagez pas toutes les idées du patron ?
Juste vous avez eu l’audace de l’exprimer ?
Juste, vous avez eu l’outrecuidance de prétendre à une critique ?
Eh bien, même en ayant réservé une table plusieurs jours auparavant, et dès votre arrivée, quand le patron reconnaît votre tête, vous êtes littéralement et bruyamment expulsés. Raccompagnés jusqu’en dehors de l’auberge, devant la porte et plus encore car en voulant photographier le menu affiché, M. Deybach nous agresse physiquement et nous interdit de le faire…
Wouah !
En ces époques où la pratique de la démocratie nous interroge, où le débat sur de vraies valeurs est dans l’air, sur la route des Crêtes il existe un lieu où le « délit de sale-gueule » se porte bien.
En effet, ceux qui veulent simplement faire de l’authenticité une référence, valeur revendiquée par ailleurs par l’Association Départementale des Fermes Auberges du Haut-Rhin*, se font littéralement fiche à la porte d’un des établissements de référence du marcaire.
Eh oui, c’est bien lui qui est au centre du sujet : le fameux repas marcaire. Et il semble tellement iconique et intouchable que, rien que d’oser le mettre en question, vaut d’être jeté par un fermier de longue expérience, dont on pourrait attendre un minimum de sagesse et de recul…
A nous faire regretter les propos bienveillants rédigés à l’issue de notre précédente visite au Treh.
Le radicalisme a encore de beaux jours devant lui !
* Même si, provisoirement, l’établissement ne bénéficie pas du label
1ère visite : Ici, le repas marcaire prend sens !
L’accueil impersonnel dans la grande salle, l’ancienne étable de la ferme, peut laisser sur sa faim. Cette impression disparaît vite, gommée par l’atmosphère conviviale et l’efficacité du service. Le décor en granit et sapin des Vosges est agrémenté de petits objets, de clarines et de cloches, mais aussi de photos qui font revivre la richesse de l’histoire de la ferme. Le passé est bien présent. Sans nostalgie, juste pour nourrir l’authenticité du lieu et la fierté de pérenniser le travail accompli par plusieurs générations.
A la ferme-auberge du Treh, toutes les viandes et tous les produits laitiers proviennent de la ferme. Pour s’en assurer, il suffit de consulter la carte qui précise leur provenance. La viande est transformée par l’ancien boucher-maison, Laurent, qui a créé sa boucherie au Thillot. Certaines charcuteries comme hure, fromage de tête, tourtes et salaison des lards et jambons crus sont assurées à la ferme.
L’importance du cheptel, 90 bovins et 120 à 150 porcs, permet d’assurer l’essentiel des approvisionnements. Au Treh et dans la vallée, la transhumance crée l’événement deux fois par an. En fin de repas, n’hésitez pas à demander les albums photo qui retracent la montée en estive.
A l’extérieur, une grande terrasse s’ouvre sur la vallée de Thann et invite le regard à se perdre sur un vaste horizon. Et, si le temps est favorable, vous pourrez vous laisser bercer par le ballet silencieux des parapentes colorés dans un ciel immaculé.
Mais chut ! Le son des cloches impose le silence. Sans plus de cérémonie, Jean-Paul Deybach, le maître des lieux, prend la parole d’une voix assurée pour présenter la mission du fermier-aubergiste et, surtout, le repas marcaire et ses fondements.